Papeete le 27/11/2018

 

Les missions de l’Enseignement Catholique et la direction diocésaine aujourd’hui

 

 

 

L’Enseignement catholique doit répondre aux finalités sociales, sociétales et économiques de la société.  Cependant, il est surtout missionné pour avant tout réaffirmer l’existence des 3 vertus théologales à travers l’enseignement. Foi, Espérance et Charité : la pierre angulaire de l’Enseignement Catholique en Polynésie Française.

La Foi, l’Espérance et la Charité, les trois vertus théologales (1 Corinthiens 13-13) sont la source du caractère propre de l’Enseignement catholique de Polynésie Française.

 La Foi en Jésus Christ, et sa réaffirmation en 2018 doivent être en permanence proclamées, assumées et portées avec dignité. Les enseignants, les non enseignants, les directions d’établissement sont avant tout porteurs de Foi. L’acte de croire, acte d’humilité par excellence consiste à remettre sa vie dans les mains de Dieu et de son Fils Unique Jésus Christ. Vivre sa Foi, affirmer de vivre sa Foi doit à l’intérieur des établissements catholiques placer ces derniers comme des Lumières au sein du monde, des repères divins, droits, justes et bienveillants. Ainsi les écoles catholiques au-delà de la prière du matin, du chant à I ‘Esprit, et de la catéchèse s’obligent de par la posture de leur personnel enseignant et non enseignant à réaffirmer que la Lumière est venue sur la Terre. Ainsi, selon l’Evangile de Saint Jean 1, 4 « En Lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes ». La Foi dans la Lumière en Jésus Christ doit être vécue en chacun des membres de la communauté éducative comme la sève de la vigne qui anime la pensée et les actes quotidiens d’éducation et d’instruction. Il s’agit donc quotidiennement de rajouter du Divin, l’Esprit Saint dans chaque acte. L’Enseignement Catholique au milieu du monde matérialiste, à la pensée humaniste et/ou individualiste doit réaffirmer le sens du Salut des âmes tel qu’enseigné par Jésus Christ et indiquer le chemin tout d’abord à toute la communauté éducative y vivant, mais aussi à toute la société polynésienne. La Foi et les vérités révélées par Jésus Christ doivent apporter les réponses nécessaires à la construction de l’Homme afin de le détourner des philosophies modernes du matérialisme et de l’individualisme. La Foi catholique proclamée dans les établissements catholiques doit donner l’espoir de changer la société et la conviction que la jeunesse en a la capacité. Par conséquent la Foi stimule l’Espérance que l’enseignement catholique peut influer sur le cours des évènements.

En effet, l’Espérance projette l’enfant, l’écolier, l’élève, l’étudiant dans un avenir qu’il espère meilleur. La construction de l’individu doit un premier temps se focaliser sur la transposition de la confiance en Dieu envers soi-même. Enfant de Dieu et aimé, sûr de cet amour indéfectible par des actes d’empathie, de bienveillance, d’encouragement de la communauté éducative, l’élève développe une confiance en soi qui lui permet de se projeter et transposer ses réussites du présent dans l’avenir. « La vie est un rêve, fais-en une réalité » disait Mère Teresa de Calcutta. Cette citation incite la communauté éducative à créer les conditions de projection des enfants vers un choix des possibles où tout peut leur paraitre accessible sans aucune limite. Croire que l’on n’est pas capable de réaliser une tâche est déjà un acte pénalisant un devenir, une constante limitant l’Espérance. Ainsi, toute l’aide ou l’accompagnement doit être apporté à l’enfant pour identifier, détecter un talent qui lui permette de se construire un avenir à travers une orientation choisie et assumée. Cependant cette orientation personnelle et les choix individuels ne doivent pas se transformer en une compétition scolaire au détriment des plus faibles.

Enfin, l’enseignement de la Charité, et notamment entre les élèves doit se réaliser dès l’entrée des enfants dans le premier cycle scolaire. « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimé » en tant que commandement nouveau de Jésus Christ doit apporter le ciment des approches pédagogiques nouvelles sur l’éducation collaborative et la construction de l’intelligence collective développée dans les nouveaux programmes de l’Education Nationale. Les élèves dès leur plus jeune âge doivent développer des compétences de travail collaboratif avec des qualités d’intégration sociales que seule la vertu de Charité explicitée par le personnel de la communauté éducative peut transcender. Ainsi de la charité, naît l’amour du Prochain et le don de soi cher aux valeurs chrétiennes, mais aussi la fraternité et la cohésion sociale réaffirmées par l’Etat dans les principes de laïcité qu’il convient de respecter. Au-delà la charité individuelle, l’enseignement catholique veille aussi à la charité entre les établissements scolaires, sans entorse aux principes de rigueur financière, pour enseigner là où personne ne va.

Un projet éducatif, et ses missions, se doit d’être transcendé par les vertus théologales pour :

Insérer socialement les enfants de Dieu,

Les rendre responsables et respectueux et,

Les intégrer professionnellement selon leur talent et leur travail.

 

Un projet éducatif incarné à travers trois missions : l’insertion sociale, la responsabilité sociétale et l’intégration professionnelle.

Tout d’abord, insérer socialement les enfants signifie offrir à ces derniers une école comme un lieu de protection, d’écoute, d’appartenance, d’éveil à l’estime de soi et, à la réalisation de soi. En effet, les individus possèdent des besoins évolutifs au cours de leur existence, qu’il convient de combler afin d’améliorer leurs conditions de vie, d’un point de vue physiologique, psychique et sociologique. L’Enseignement catholique à travers ses valeurs, ses règles, ses normes doit veiller à la satisfaction des besoins d’une part des enfants qui lui sont confiés, mais aussi à la satisfaction des besoins du personnel enseignant et non enseignant de la communauté éducative. L’amélioration générale des conditions de travail, la gestion des ressources humaines bienveillante, en cohérence aux valeurs prônées par Jésus Christ, doivent permettre la mobilisation des engagements individuels et la réalisation de soi de toutes les personnes composant la communauté éducative. L’insertion sociale des enfants et du personnel éducatif nécessite une écoute permanente de chaque membre de la communauté, le respect des règles de vie commune et la lutte contre tout type de harcèlement.

Ensuite, il s’agit de former les citoyens chrétiens et responsables envers les individus et la société. L’encyclique du pape François « Laudato Si’ » en Mai 2015 dressait un état des lieux alarmant sur l’état de la planète, et des conditions de vie des plus pauvres. Dans le chapitre 5 « Education et Alliance », le pape dresse ce constat : « Dans les pays qui devraient réaliser les plus grands changements d’habitudes de consommation, les jeunes ont une nouvelle sensibilité écologique et un esprit généreux, et certains d’entre eux luttent admirablement pour la défense de l’environnement ; mais ils ont grandi dans un contexte de très grande consommation et de bien-être qui rend difficile le développement d’autres habitudes. C’est pourquoi nous sommes devant un défi éducatif. » Le Pape François exhorte donc les établissements scolaires à l’Education Ecologique. A travers la rédaction de projets d’établissement ambitieux, les écoles de l’Enseignement Catholique doivent être le lieu d’innovations vertes accompagnant la transition écologique. Ces innovations vertes peuvent se décliner à travers : une innovation des contenus du savoir, des procédés, des débouchés, des processus organisationnels, et des matières premières utilisées. Les établissements scolaires doivent s’engager dans des projets porteurs de sens sans pour autant les multiplier à outrance au risque d’y perdre en réflexivité.

Enfin, intégrer professionnellement les jeunes selon leur talent confère une grande responsabilité à la communauté éducative. La parabole des talents décrite dans Saint Matthieu (25,14-20), montre que Dieu donne à chacun de ses enfants des talents qu’il convient de fructifier sur la Terre. Aujourd’hui, l’enseignement catholique doit réaffirmer l’existence d’un talent au sein de chaque enfant afin que ce dernier avec l’aide du personnel enseignant et non enseignant puisse l’identifier et le développer. Concrètement, il s’agit de laisser la liberté de choix aux élèves au cours de leur parcours quant à l’orientation qu’ils donnent à leur cursus. Cette liberté entraine parfois des mauvais choix qui leur permettent aussi de grandir en maturité et de se confronter à la réalité du monde professionnel. Ce dernier y est perçu par les élèves à travers des stages au cours de leur parcours de formation.

Ainsi, il existe donc une porosité de plus en plus prégnante entre le monde éducatif et le monde professionnel que la Direction de l’Enseignement Catholique doit encourager, mais aussi réguler afin d’y préserver un lieu propice à l’éducation des enfants.

En somme, la direction diocésaine se situe dans la position paradoxale d’une tête de pont partageant sa vision prospective de l’Enseignement Catholique de demain et, dans le même temps être au service de cette même communauté pour en fédérer les engagements individuels à travers une adhésion aux valeurs du caractère propre. Il s’agit alors de se positionner à la fois devant pour montrer le cap, et à l’arrière pour qu’aucune des brebis ne soit laissée pour compte. Une mission, un ministère au service des autres et de toute la communauté attend la direction diocésaine pour remplir ses missions.

A travers l’Enseignement Catholique, c’est l’engagement d’une communauté chrétienne envers la société qui répondent à la parole du Christ : « Allez par tout le monde et prêchez l’Evangile à toute la création (Saint Marc 16-15) »

                                                                                                                                                                                                                                                         Emmanuel ANESTIDES

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